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Gaël Hubert – Du bois dont on fait les marins

lundi, 31 mai 2010 02:00
Parmi ceux qui contribuent à faire du Belem un navire unique en son genre, le gabier Gaël Hubert se distingue en étant le seul charpentier de marine naviguant de toute la flotte marchande française... Entre l'amour du bois et celui de la mer, le Grizzly – comme on le surnomme à bord – s'est taillé un parcours qui lui a permis de vivre simultanément ses deux passions. Histoire d'un double itinéraire plutôt singulier...
 
Du haut des clochers...
De sa première rencontre avec le Belem, Gaël Hubert ne garde pas un souvenir très précis mais la camera était là et sur la photo un jeune garçon de six ans pose devant le navire en pleine réfection, amarré au pied de la Tour Eiffel à Paris... Lui et sa famille habitaient alors la région parisienne, carrefour et creuset par excellence des origines les plus diverses, en l'occurrence un père limougeaud et une mère finistérienne. Mais entre racines terriennes et appel du large il n'y a pas forcément incompatibilité. Gaël fait des études de charpente, puis son diplôme de charpentier-escaliéteur en poche, il prend sa voiture, sa caisse à outils et part faire le tour de France en 1995. « J'ai travaillé à la reconstruction du Parlement de Bretagne, détruit dans un incendie. Cela m'a permis de prendre pied dans la restauration des Monuments Historiques. Je ne compte plus les églises, les clochers, les beffrois auxquels j'ai travaillé un peu partout en France mais aussi en Espagne. Il y a eu entre autres l'Ecole Militaire de Paris, l'église de Saint Ouen... »
 
...au sommet des mâts
Escalader les clochers et les beffrois pour son travail n'interdit pas d'escalader les mâts des voiliers pour son plaisir, surtout quand on appartient par sa mère à une famille de « voileux » et qu'on fait soi-même de la voile depuis l'enfance... « Tous les étés, raconte Gaël, j'étais moniteur de voile en Vendée, dans l'école de voile d'un de mes cousins. Parmi ces derniers, l'un est architecte naval, un autre est maître-voilier : à nous trois, nous pourrions construire tout un voilier sans problème ! ». En 2000, Gaël quitte la charpente de bâtiment pour travailler pendant trois ans dans un chantier naval des Sables d'Olonne à l'aménagement intérieur de bateaux neufs. « Mais mon rêve était de travailler en mer depuis que j'étais gamin et que j'avais vu à la télévision la série Deux ans de vacances ». Il passe donc son brevet maritime de base et, début 2003, il est embauché par la CMN pour travailler à bord du Belem, où il embarque moins d'une semaine après avoir envoyé sa lettre de motivation... Pourquoi précisément le Belem ? « D'abord parce que je le connaissais bien de réputation. Ensuite parce que mon père et mon oncle avaient fait un stage à bord et m'avaient donné très envie d'y naviguer ». Et c'est ce qu'il fait, 7 mois par an, depuis 7 ans...

Le Grand Ours
A bord du Belem, Gaël poursuit imperturbablement sa « double vie »  sauf qu'il peut la mener en un même lieu – la mer. Il participe pleinement aux activités et aux responsabilités de l'équipage, notamment auprès des stagiaires. « En mer, je fais mes quarts de minuit à 4h et de midi à 16h. Je mets ma casquette de charpentier entre 16h et 18h tous les jours et quand nous sommes à quai ou en hivernage je passe 8 heures à travailler à l'entretien du navire. Il n'est pas toujours simple en effet de faire un travail de précision avec des machines à bois quand on est en pleine mer ». Et le sommeil dans tout ça ? Quelque part au milieu de la matinée mais alors gare à celui qui l'asticote avant qu'il ait bu son café. « Un vrai ours » avoue-t-il. Alors, quand « l'ours » en question fait près de 2m de haut...On comprend ses camarades d'équipage qui, pendant la traversée du Belem au Québec, lui ont offert là-bas un panneau routier « Attention danger » orné de la silhouette d'un Grizzly !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
A toutes voiles...
Sur un navire comme le Belem, ce n'est pas le travail du bois qui manque, depuis l'entretien courant du gréement et des boiseries à la réfection, à la main, des balustres en bois du pont arrière. Passé maître-charpentier, il a aussi gravi quelques catégories dans l'expertise maritime ; outre la reconnaissance de ses pairs, il a maintenant acquis le statut de seul (voire dernier) charpentier de marine naviguant. Et qui plus est, naviguant à bord du Belem – « le plus beau des bateaux, avec qui on a une relation un peu particulière. On sent quand il va bien ou quand il souffre. Moi je veux faire ce qu'il faut pour qu'il aille toujours bien ».
Et que reste-t-il à faire quand on a si bien réussi la symbiose entre la terre et la mer ? Mais prendre l'air, bien sûr ! Alors, quand il n'est pas en train de travailler le bois ou encadrer les stagiaires à bord, Gaël Hubert profite de ses loisirs pour faire du parachutisme... Gréement ou parachute, une voile est toujours une voile, non ?

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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