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Mon Premier stage à bord du Belem

vendredi, 24 mai 2013 18:00

Marine, 23 ans, raconte son premier embarquement sur le stage reliant Saint-Malo à Cowes du 8 au 11 mai dernier.

J’arrive à Saint-Malo mardi soir pour un embarquement prévu le mercredi matin. Je suis à la fois excitée de faire ce stage et en même temps tendue. Je n’ai jamais navigué et même si je pense que je vais apprécier, des doutes m’envahissent. Ma principale inquiétude, le mal de mer. Comme chacun sait, il vient avec la peur, le froid, la faim, la fatigue. Aussi j’ai décidé de me nourrir régulièrement, de me couvrir plus que nécessaire, de faire chaque sieste possible, quant au stress et bien on avisera !

  

 

 

 

Mercredi 8 mai, 9h30, les moteurs sont mis en route, les amarres sont larguées et le Belem quitte doucement le quai St Louis du port de St Malo. Je suis impressionnée par la quantité de manœuvres à effectuer et si tôt après le départ, le Belem commence à montrer sa vraie identité et encore je n’ai rien vu ! Après le passage de l’écluse, on prend de la vitesse, l’équipage nous demande de tirer sur des bouts. Je ne sais pas exactement ce que je fais mais je le fais de bonne humeur. Plus nous prenons le large, mieux je me sens. L’organisation en tiers pour la prise des quarts se précise. Mon premier sera de 12h à 16h. Pour la première fois et sur les conseils du maître charpentier, Gaël, mon chef de quart, je prends la barre. C’est impressionnant et surprenant à la fois. Je ne m’attendais pas à autant de résistance. Il faut prendre garde à bien conserver son cap. Finalement, ce n’est pas l’horizon que l’on scrute mais le compas de barre afin de garder le bon cap ! L’heure venue, je pars me reposer car mon prochain quart de 20h à minuit risque d’être plus difficile.

Le Commandant a prévu de naviguer à la voile toute la nuit afin d’atteindre les côtes anglaises le plus vite possible. Du mauvais temps est prévu pour le lendemain après-midi, il faudra nous mettre à l’abri, au mouillage. Lorsque je vois les voiles déployées, je suis impressionnée. Le Belem révèle sa puissance et sa vraie beauté. Je suis subjuguée. A ce moment, je comprends la passion qui anime tous ces fous de voile et de navigation.

Ma sieste bien méritée me remet d’aplomb. Le quart se divise en 3 temps : 1h20 de veille, à l’avant sur le gaillard, 1h20 de mise en disponibilité, prêts à manœuvrer, l’occasion aussi de se réchauffer, de regarder la mer et même d’apercevoir quelques dauphins, et enfin 1h20 à la barre. Même si la fatigue se fait sentir, je profite de ce moment, je le savoure. Le ciel est magnifiquement étoilé, aucun bruit ne se fait entendre. Même si nous sommes tous frigorifiés, l’émerveillement prend le dessus ! Le cap est difficile à tenir, le vent est fort mais je m’applique. Quand vient le moment d’aller se coucher, une voile du mât de misaine se déchire. A ce moment, la question de savoir si l’on est de quart ou pas ne se pose pas, on réagit et on cargue ! On ramène la voile pour éviter qu’elle ne s’abîme davantage. Quand l’heure de se coucher arrive, je m'endors d’un sommeil de plomb. Je suis réveillée de temps à autre par la houle, les vagues se creusent mais elles me bercent. Le matin on aperçoit les côtes anglaises. En pleine mer, le ciel est bleu, sans nuage alors que la côte est grise : du mauvais temps arrive, difficile à croire.  Nous passons la journée et la nuit suivante au mouillage au large de Brixham à Tor Bay (sud de l’Angleterre). L’après-midi, le Commandant nous propose dans le grand roof une passionnante conférence sur l’histoire du Belem nous aidant à comprendre comment le Belem a traversé toutes ces années. 18h arrive, l’heure du punch. La bonne humeur est présente. L'ensemble des stagiaires commence à se connaître. Des liens se créent. Ce soir-là, repas de chef pour nous récompenser de nos efforts. Au menu : cerf, frites ! Je me couche tôt car je sais que la journée du lendemain sera longue.

Vendredi 10 mai : On commence la journée par le poste de propreté de 8h30 à 9h30. Je suis affectée "aux cuivres" que je dois briquer au "Mirror". Et enfin vers 11h, nous levons l’ancre et on repart. D’abord plus au sud et dans l’après-midi nous effectuons plusieurs manœuvres de revirement de bord. A ce moment, tous les stagiaires sont réquisitionnés et tout l’équipage est sur le pont. L’après-midi suit son court et la fameuse ascension dans la mâture est proposée aux volontaires. Encore un moment grandiose à vivre sur le Belem. Même si l’on s’arrête à la première vergue, j'ai déjà une vue imprenable sur la mer !

 

Puis je me prépare pour l’un des quarts les plus difficiles le 00h-04h. Difficilement, je sors de ma bannette à 23h45 pour être sur la dunette à minuit et recevoir les consignes du chef de quart. La nuit est mouvementée, froide et humide. Heureusement des manœuvres nous attendent pour nous réchauffer. Evidement à la fin de ce quart, je tombe de sommeil jusqu’au lendemain où après un nouveau poste de propreté, nous arrivons sur l’île de Wight. On aperçoit Portsmouth, Southampton. C'est une mer pleine de voiliers que l’on aperçoit. Nous sommes en Angleterre, c'est samedi, tout le monde est sur son bateau ! Nous remontons le Solent pour arriver à Cowes. Le ciel est bleu, clairsemé de quelques nuages. Tout le monde profite de l'arrivée car les voiles ont été rabattues, et naviguons au moteur.

Le weekend se poursuit malheureusement sous la pluie et le vent mais je garde un bon souvenir de la charmante ville de Cowes, accueillante petite ville anglaise où l’ambiance maritime est bien présente. Le dimanche matin, la marina de Cowes Yacht Havent se vide sous nos yeux. Deux régates sont organisées ce jour. Je repars lundi matin, direction Southampton par le ferry. Cela change de 4 jours passés sur le Belem, une expérience inoubliable, que j’espère bientôt renouveler !

Marine

 

3 commentaires

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  • Joannie, le 29/05/2014 à 21:30
    Bonjour,

    Je suis à la recherche de membres d'équipage qui étaient à bord du Belem en 1998. Vous en connaissez??

    Merci!
  • Jean-Paul, le 06/06/2013 à 12:45
    Bravo pour ce commentaire. Pour avoir vécu la même "aventure" pour mes 60 ans, je comprends votre enthousiasme, même si il y a des moments un peu difficiles !!!
  • roland, le 24/05/2013 à 20:34
    Bravo à Marine pour son 1ier voyage et aussi pour son récit digne d' une vraie " Marinière " . j' aurais voulu être à ta place.............
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