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 Des travaux d’envergure pour continuer à naviguer
La société de classification qui suit depuis plus de 40 ans le navire, Bureau Veritas, surveille ce phénomène naturel, inhérent aux navires à coque en acier. Elle doit tirer
la sonnette d’alarme quand les tôles d’acier perdent plus de 20 % de leur épaisseur. À ce point critique, le navire
devient inapte à la navigation. Il perd sa certification. C’est précisément pour éviter à tout prix d’en arriver là, qu’ont été décidés les travaux de restauration hiver 2022-2023.
Un bloc neuf pour réparer la coque
La Fondation a opté pour la plus pérenne des solutions : remplacer l’ensemble du bloc cale machine par un bloc neuf, plutôt que d’injecter des renforts d’acier au niveau des zones affaiblies. Cette lourde décision engendre quelques désagréments immédiats : prolongement du chantier et par conséquence décalage du programme de navigation 2023. Le Belem ne reprendra en effet la mer qu’en juin prochain. Mais cette sage décision préfigure la poursuite de la navigation... sans limite de date ? Seul l’avenir le dira. C’est déjà un joli petit miracle de continuer à faire naviguer ce monument historique, tel un château flottant. Mais ce qui est sûr, c’est que la Fondation investit massivement pour mener à bien sa mission fondatrice : permettre au plus grand
nombre d’embarquer à bord du Belem et vivre une aventure unique au monde.
 Saison 2023
19 navigations au cœur de la grande bleue
En 2023, la Fondation propose à tous d’embarquer pour une aventure unique à bord du majestueux trois-mâts. Il suffit de s’inscrire, en ligne, sur l’une des 19 navigations proposées en 2023. Début en Atlantique puis cap au large des côtes africaines, au rythme du
vent avec l’océan à perte de vue : Madère, l’île de l’éternel printemps à la végétation luxuriante ou bien les Canaries et ses paysages sauvages et volcaniques. Le Belem rejoindra ensuite la grande bleue : Ibiza, la Costa Brava, la Corse et la French Riviera... Les plus beaux spots de la Méditerranée française sont au programme. Enfin, le Belem participera à 4 grands temps forts : Débord de Loire à Nantes du 31 mai au 4 juin, l’Armada de Rouen du 10 au 18 juin, Bordeaux Fête le Vin du 23 au 25 juin et le 200e anniversaire de Port-Vendres les 2 et 3 septembre, avant d’hiverner à Toulon.
  > Parcours 2023 du Belem. Les 19 points rouges correspondent aux villes départ des 19 navigations proposées.
Informations et réservations : fondationbelem.com
  Interview
Jérôme LECAMP, 
Directeur Département Arrêt Eiffage Energie Systèmes - Clemessy Services (EES - CYS)
Pourquoi EES-CYS a été choisi pour réaliser ce chantier ?
Ce choix raisonné est l’aboutissement d’un véritable partenariat basé sur la confiance que nous accorde la fondation et son nouveau gérant V.Ships France. Il repose sur trois piliers : connaissance du navire, réussite d’une opération similaire et compétences internes. Nous connaissons le Belem pour être intervenus périodiquement sur sa coque et sa machine. Pour le Plastic Odyssey - navire engagé dans la lutte contre la pollution plastique en mer - nous avons déjà remplacé un élément de sa coque en système « bloc tiroir », ainsi que l’ensemble de la chaise arrière en mécanique. Enfin, nous réunissons à Saint-Nazaire les compétences et métiers nécessaires pour mener à bien un
tel défi : études, conception, chaudronnerie, mécanique, tuyauterie, électricité, décapage haute pression, peinture...
Expliquez-nous les grandes étapes des travaux ?
Sur le papier c’est très simple : la partie de la coque située sous la cale machine va être remplacée à l’identique par une structure neuve. Imaginez que le Belem est une grande armoire et que l’on change son dernier tiroir. Mais en réalité, ce chantier sera de haute ingénierie, un défi mêlant patrimoine et technologie. La 1re étape est technologique. Notre bureau d’étude interne lancera en fabrication un bloc neuf grâce à la modélisation obtenue à partir d’un scan 3D, effectué au niveau des tôles abîmées. La 2e étape est mécanique et méthodique. Nous allons devoir démonter la quasi-totalité des équipements de la salle machine (moteur de propulsion, alternateur, pompes) permettant d’accéder au bloc abîmé afin de le découper. Puis nous allons effectuer une visite des 2 lignes d’arbres, des 6 paliers ainsi que de l’appareil à gouverner. Tout devra être numéroté, répertorié, protégé. L’enjeu est de pouvoir, en phase finale, remonter l’ensemble de la machine conformément au schéma initial et affiner les réglages pour retrouver les fonctionnalités de la propulsion du
navire. La 3e étape est gravitationnelle. Avant de découper la tôle, il faudra dégager de ses supports (tins) la partie de coque à opérer et renforcer la tenue du navire rehaussé, quasi en « lévitation ». La 4e étape est le vrai défi du chantier. Trouver le bon procédé pour souder du neuf sur de l’ancien. Nous allons effectuer des prises d’échantillonnage de tôle, tester et définir, en collaboration avec le Bureau Veritas, le meilleur mode opératoire de soudage. La 5e étape est hautement technologique. Notre bureau d’étude va fabriquer un outillage spécifique permettant au nouveau bloc tiroir de s’adapter parfaitement au navire (ripage) puis nous procéderons à la soudure de bordée.
Dans quel état d’esprit entamez-vous ce chantier ?
Honneur : C’est une grande fierté de pouvoir effectuer ces travaux de maintenance de si grande ampleur sur ce navire patrimonial maritime français. Confiance : Le navire est de conception robuste et nous avons déjà pratiqué ce genre d’opération. Exemplarité : Ces travaux sont historiques pour le Belem car jamais opérés sur un navire de cet âge. Responsabilité : Nous sommes déterminés à respecter les enjeux de sécurité, qualité et respect du délai.
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