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 URGENT - Offrez une nouvelle peau au Belem
Bien qu’en acier, la coque du Belem s’abîme au fil des années. Imperceptiblement, le temps fait son travail. L’érosion attaque tout d’abord la peau (les tôles) mais aussi la colonne vertébrale du navire (les raidisseurs). On surveille l’épaisseur par des mesures régulières. Si elle diminue au- delà de la tolérance acceptable, des travaux de réparations doivent être entrepris afin d’obtenir la certification et la permission de naviguer. Pendant la crise sanitaire, la fondation Belem a obtenu une dérogation exceptionnelle pour suspendre les travaux sur la coque. Mais l’érosion continue et il est urgent de stopper les méfaits du temps et
de changer les parties les plus endommagées, concentrées côté de la cale machine. L’arrêt technique 2022- arrêt qualifié de « reclassification » sera consacré à ces gros travaux structurels. L’estimation - entre 300 000 € et 400 000 € - est tellement conséquente que nous vous sollicitons dès à présent pour constituer une provision pour gros travaux. Ce chiffrage pourrait en décourager plus d’un. Il n’en est rien, à l’image de l’histoire du navire et de l’acharnement positif de ses armateurs successifs pour le sauver, quoi qu’il en coûte ! À  vous de jouer en participant à la sauvegarde  du fleuron du patrimoine maritime français.
Pourquoi refaire la cale
machine coûte cher ?
Une greffe de 3 tonnes d’acier est programmée en 2022
Le Belem a été construit au 19e siècle selon un schéma simple : une quille, une carlingue centrale et des membrures perpendiculaires. Deux carlingues latérales ont été ajoutées pour soutenir les moteurs. Tous ces éléments sont si rapprochés que l’accès reste difficile. Il va pourtant bien falloir pénétrer au cœur des entrailles du navire pour refaire la cale machine et injecter 3 tonnes d’acier nécessaires pour cette consolidation. Cela nécessitera de sortir, isoler et protéger la totalité des équipements de la machine : groupes électrogène, moteurs, lignes d’arbre, tuyautage... Les opérations se
dérouleront par étapes successives, afin de conserver la résistance du navire, sans jamais le fragiliser. Il ne s’agit pas d’un travail de soudure et tôlerie banal. La noblesse de chaque métier sera pleinement mise à contribution. Le chantier réunira grutiers, mécaniciens, soudeurs, peintres. Il faut compter 15 jours de démontage, protection, mise en sécurité, un mois de travaux de tôlerie en cale sèche et un mois pour tout réinstaller. Les travaux seront complexes et minutieux, proches de l’artisanat d’art, voire de la haute couture d’où le prix élevé du chantier.
Secret
de longévité
À sa construction en 1896, le Belem ne devait pas survivre aussi longtemps. Il était programmé pour disparaitre à la fin de sa vie de navire de charge. Mais l’histoire en a décidé autrement. Le Belem a eu plus de chance que ses sisters ships. En lui conférant différents rôles, yacht de luxe, puis navire école, ses armateurs successifs ont prolongé sa durée de vie. Le secret de la longévité du Belem repose sur la solidité de sa coque et son parfait état de flottaison. Son extraordinaire chance de survie provient de l’entretien systématique et régulier de cette fameuse coque, rivetée à l’origine. Certes, il ne reste plus beaucoup de parties d’origine. Vraisemblablement 70 % des tôles ont été changées et 30 % des raidisseurs. Mais les rivets d’origine, encore visibles aujourd’hui, nous rappellent son authenticité. Tout au long de son histoire hors du commun, on s’est néanmoins interrogé pour savoir si ces travaux effectués régulièrement sur sa coque étaient justifiés, si cela en valait la peine. Aux périodes de doute ont succédé des périodes de renouveau. Aujourd’hui encore, c’est notre intime conviction collective qui nous pousse à prolonger inlassablement la vie du Belem, au-delà du raisonnable. Car il n’y a rien de raisonnable dans cette histoire, juste une farouche volonté de conserver et transmettre aux générations futures notre patrimoine et notre culture.
      Interview
Philippe Mizessyn 
Senior surveyor - Bureau Veritas marine & offshore France
Le Bureau Veritas est une société de classification, née en 1828. Sa mission auprès du Belem est de vérifier, tous les 3 ans, la solidité de sa coque et sa conformité à la réglementation. On procède à une campagne de mesure de l’épaisseur des tôles de coque et des raidisseurs associés. Au-delà d’une tolérance de
perte d’épaisseur, les parties endommagées doivent impérativement être remplacées pour l’obtention du renouvellement du certificat, condition pour naviguer. Depuis 1996, j’ai la chance de suivre la certification du trois-mâts Belem, qui demeure le plus ancien navire aujourd’hui classé au BV. C’est un navire hors norme, de par son grand âge. À l’origine, sa coque était rivetée. Une réparation à l’identique n’est plus possible aujourd’hui. Depuis 40 ans, on utilise la technique du méca-soudé. On procède par tranche de travaux prioritaires, pour ne pas affaiblir le navire. On essaie d’avoir la même chose, voire mieux. Les rivets d’origine sont encore visibles et se concentrent dans les œuvres mortes (hors d’eau). Un témoignage de l’histoire que l’on préserve précieusement. C’est un petit miracle que le Belem continue à naviguer aujourd’hui et je peux certifier qu’il est aux normes grâce aux travaux régulièrement entrepris sur sa coque.
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