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Bernard Antoine : le Belem, une page qui se tourne

mercredi, 28 mars 2007 02:00
Après onze ans de navigation à bord du Belem, Bernard Antoine quitte ses fonctions de Second capitaine du trois-mâts. Onze années de vie en compagnie du Belem, c'est une vraie malle aux trésors de souvenirs, un regard avisé sur le parcours, l'évolution et le devenir du navire auquel il demeure très attaché. Evocation.
 
Quels moments, quels épisodes de ces onze années vous reviennent-ils en mémoire dès que vous pensez au Belem ?
Cela peut sembler paradoxal mais ce qui me reste le plus fortement en mémoire, ce sont les 10 périodes que j'ai connues d'arrêts techniques du Belem, pendant l'hiver. En tant que Second capitaine, j'avais, avec d'autres, bien sûr, la responsabilité des travaux d'entretien comme de remise à neuf et j'étais devenu en quelque sorte la « mémoire » de ce qui s'était fait ou pas fait les années précédentes. Compte tenu de la rigueur avec laquelle la Fondation applique les consignes du Bureau Véritas pour que le navire réponde à toutes les normes de sécurité, c'est un travail minutieux et indispensable qui s'accomplit ainsi chaque année.
 
Un moment en particulier ?
Il y a eu parfois des coups durs, comme par exemple en 1999 : alors que les travaux en cale sèche étaient pratiquement terminés, on s'est aperçu qu'au niveau du pont de la batterie – lieu de vie des stagiaires – les tôles de la coque étaient dévorées de l'intérieur par la rouille ; il y a fort longtemps, du bêton avait été coulé dans cette zone quasi inaccessible derrière les cuves à gasoil et ce bêton avait absorbé de l'eau qui faisait rouiller l'acier de la coque. Cette affaire a doublé le temps de passage au bassin à St Nazaire ! Heureusement, cela n'a pas affecté la date de début des stages. C'est en tout cas la preuve de l'attention accordée aux détails d'entretien et de sécurité ; nous avions constamment le navire « à l'œil ».
 
Bernard AntoineEt pendant les navigations, quel est le rôle du Second capitaine à bord du Belem ?
Il doit avoir beaucoup de cordes à son arc, car il s'occupe aussi bien de l'accueil et de la vie quotidienne des stagiaires, que des questions de discipline à bord -qu'il s'agisse des stagiaires ou de l'équipage- sous le contrôle du Commandant,  que de l'entretien et des fournitures – commande de matériels, livraisons alimentaires, etc. Le Second capitaine est un homme très occupé !
 
Quelles évolutions avez-vous constaté au fil des ans, aussi bien chez les stagiaires que parmi l'équipage ?
Parmi les stagiaires, j'ai noté une diminution du nombre de « redoublants », en d'autres termes de stagiaires qui reviennent constamment d'une année sur l'autre, au profit des « nouveaux » qui découvrent la navigation à bord du Belem. C'est un élément intéressant parce qu'il démontre la notoriété croissante du Belem, la curiosité qu'il suscite auprès d'un public toujours plus vaste et donc l'efficacité du travail de communication et de pédagogie réalisé par la Fondation. Je me rappelle qu'en 1996, un Français sur deux était encore persuadé que le Belem était un navire militaire !
Pour ce qui est de l'équipage, qui est en moyenne relativement jeune, je constate également un certain « turn-over » mais je crains que cela soit dû surtout au fait que les métiers de la mer sont contraignants, non seulement pour la discipline, mais pour ce qui concerne la vie privée, et que les jeunes sont moins disposés à sacrifier cet aspect de leur existence.
 
Quel regard portez-vous sur l'avenir du Belem ?
Si la volonté et les moyens financiers de le préserver restent ce qu'ils sont, si on peut maintenir la qualité et le nombre d'équipages, le Belem peut continuer à naviguer pendant de longues années. Les stages représentent un élément fondamental parce que le navire reste ainsi un des rares grands voiliers que le public peut s'approprier – même si les Français ne sont pas à priori un peuple de marins... Je me demande même s'il ne serait pas possible un jour d'élaborer une forme de partenariat avec l'Etat qui permettrait au Belem de représenter officiellement la France, d'être un Ambassadeur itinérant, à l'occasion de certaines grandes manifestations internationales.

 
 
 

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