Ce mercredi 14 juillet, le Belem ralenti. Après deux jours intenses, le rythme redescend, comme pour offrir une respiration bienvenue aux corps fatigués et aux esprits encore en éveil. La nuit a été marquée par la pluie qui s’est invitée jusqu’au cœur du Zerac, détrempant vestes et visages. Mais c’est surtout le vent qui a fait défaut. Vers 5h du matin, il s’est évaporé, laissant le trois-mâts immobile, posé sur une mer étale.
Alors on prend le temps. On lève les yeux pour observer les voiles, on parle, on se confie. Des fragments d’intimité s’échangent doucement, sur fond de clapotis discret. Le soleil se lève et baigne le pont d’une lumière douce. Dans la timonerie, le second capitaine explique, avec passion, pourquoi l’on parle en nœuds et non en kilomètres, pourquoi la mer a son propre langage. On espère croiser un dauphin. Il ne viendra pas, mais l’essentiel est ailleurs : ce calme, cette mer infinie, et cette chaleur humaine, rare et précieuse.
Lors du briefing navigation, le capitaine annonce ce que l’on redoutait : nous sommes pris dans une bulle d’eau stagnante. Le vent ne reviendra qu’au lendemain. Aujourd’hui, le Belem avancera peu. Une faible brise de nord pourrait nous pousser vers la côte, avant que le vent de sud ne nous permette, enfin, de remonter. Patience et confiance seront nos alliées.
Mais très vite, l’humeur change ! Le capitaine, les yeux brillants, annonce une activité qui fait oublier l’attente : l’ascension du grand mât ! Il le rappelle fièrement : très peu de trois-mâts dans le monde permettent à de jeunes novices de grimper dans la mâture sans expérience. Harnachés, encadrés par les gabiers, les groupes de jeunes se forment. L’excitation monte.
Les quatre premiers s’élancent depuis le spardeck. À presque dix mètres de haut, suspendu entre ciel et mer, on découvre le Belem comme jamais. La peur s’efface, remplacée par un sentiment de grandeur. Raphael (Caisse d’Epargne Côte d’Azur), descend le regard encore émerveillé : « C’était une expérience exceptionnelle. Là-haut, on ne voit que le bateau et la mer. On est seuls au monde. Juste nous et le Belem. »
Un moment inoubliable, gravé à jamais.
Tout au long de la journée, la vie à bord continue, paisible. Thierno Saidou (Caisse d’Epargne Rhône Alpes), pêche le maquereau avec Paul, matelot patient et précis : plus de quinze prises au compteur en début d’après-midi. Eymeric (Caisse d’Epargne Bretagne Pays de la Loire) tient la barre à la dunette, concentré, fier. Yassine (CEPAC) et Kimberley (Caisse d’Epargne Ile de France), en cuisine, épluchent des pommes de terre pour aider les chefs cuisiniers qui préparent jusqu’à 128 repas quotidiens dans une cuisine qui ne dépasse pas dix mètres carrés. Ulrich (Caisse d’Epargne Ile de France), lui, se lance dans une série de tractions sur la barre montée par Sergio, autre gabier formateur.
Aujourd’hui, le vent s’est fait discret, mais l’aventure ne s’est pas pour autant arrêtée. À bord du Belem, chaque instant compte. On prend le temps, on se déconnecte, on s’ancre dans le présent. On écoute, on rit, on apprend. On se découvre aussi, un peu plus chaque jour.