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Derniers hommages à la Jeanne d'Arc

lundi, 31 mai 2010 02:00
Préparée de longue date, la rencontre du Belem et du porte-hélicoptères Jeanne d'Arc a permis au doyen des marines françaises d'adresser un dernier salut avant son désarmement à celle que tous appellent « la Jeanne » tant elle fait partie de notre patrimoine collectif. Un moment de grande émotion à Rouen...
 
Rouen était l'avant dernière étape de la 50ème et dernière mission du porte-hélicoptères Jeanne d'Arc avant qu'il ne rallie Brest, le terminus d'une épopée maritime de près de 46 ans. L'idée de faire se rencontrer les deux navires avait été évoquée, en septembre 2009, par Patrick Herr, le grand ordonnateur des rassemblements maritimes de Rouen, dans le droit fil de la tradition des Armadas qui associent bateaux gris et grands voiliers. Immédiatement reprise par la Fondation, le projet devait donner une éclatante illustration de la solidarité qui unit les marines de ce pays et une belle image de sa tradition maritime.
Des mois d'échanges avec un bâtiment qui, en mars, était encore au bout de l'hémisphère sud, ont permis de peaufiner le projet et ses modalités, sous la surveillance active des pilotes de Seine, grand maîtres des horloges fluviales, un peu plus conciliants quand les coefficients de marée sont faibles, ce qui était heureusement le cas.
 
Une rencontre en deux actes
Le scenario établi comportait deux actes, le premier à Caudebec-en-Caux pour un hommage du Belem à la Jeanne, et le second à Rouen pour accompagner l'hommage de la ville marraine à la Jeanne. A Caudebec, tout s'est déroulé comme prévu. Le Belem, amarré au ponton mis à sa disposition par la communauté de communes, attendait le porte-hélicoptères à la silhouette si familière. Ponctuelle, la Jeanne d'Arc est apparue à 16h30 au bout de la courbe du fleuve. Sur le Belem, une dernière répétition est vite improvisée aux ordres de Jean-Alain Morzadec :  sans qu'il ne soit pris au piège des choucanes, le pavillon national devait être amené trois fois à mi-drisse, selon le protocole régissant le salut des navires de commerce aux bâtiments d'Etat, promulgué en 1929 par Gaston Doumergue. L'avant de la Jeanne d'Arc étant enfin à hauteur, le Belem salue pour de bon ; la Jeanne répond, au pavillon, une fois puis fait retentir longuement sa sirène. Le trois-mâts répond quelques instants plus tard, déclenchant le bref mais très sonore spectacle pyrotechnique organisé par la mairie de Caudebec pour saluer la rencontre des deux bâtiments. Sur le pont de la Jeanne d'Arc, les midships sont impeccablement alignés : un beau message non prévu par le protocole, pour marquer le respect envers l'ancien et souligner l'amitié qui unit les marins. S'il n'y avait eu le son des artifices, le silence aurait été de plomb tant était profonde l'émotion.
 
Rouen fête la Jeanne et le Belem
Une demi-heure plus tard, le Belem appareillait à son tour en direction de Rouen. Le trois-mâts s'est présenté vers 21h devant le pont Gustave Flaubert alors que la Jeanne venait à peine d'achever sa manœuvre d'accostage. Mais ce pont, que le Belem devait  franchir pour s'amarrer au ponton d'honneur du grand port maritime de Rouen, n'était qu'à moitié levé, incident vite attribué à une panne par le public rouennais qui entretient avec son pont une relation d'amour-dépit ! Il ne s'agissait que d'un retard. Le Belem dut donc accoster dans un premier temps non loin de la Jeanne et ne put reprendre sa route qu'une heure et demie plus tard pour atteindre, tard dans la soirée, sa destination. Compensant quelque peu ce retard, le franchissement du pont Gustave Flaubert, à la nuit tombée, magnifiquement éclairé, fut, il faut l'avouer, un grand moment.
 
 

De chaque côté du pont
Les 2 bâtiments se sont partagés pendant 48h les faveurs du public, de chaque côté du pont. A la ferveur manifestée à juste titre pour le bâtiment filleul de la ville, a répondu comme en écho l'affection des rouennais pour les grands voiliers et en l'occurrence pour l'un de leurs chouchous, le Belem dont chacun se souvient qu'il avait quand même séché la dernière Armada ! A escale partagée, visites réciproques. Le Belem a eu l'honneur d'accueillir le pacha de la Jeanne, le capitaine de vaisseau Patrick Augier, entouré de deux officiers supérieurs et de 3 midships, pour un café dans le salon du commandant. L'occasion d'échanger quelques souvenirs de mer et d'évoquer la bonne santé des deux « vieux » bâtiments. Bien sûr l'évocation du dernier voyage de la Jeanne a longuement nourri ces échanges, de même que celle du devenir du bâtiment et de tous ses équipements, dont certains de qualité et d'intérêt muséal. Le commandant Augier a aussi évoqué avec beaucoup de regret tout ce qu'il ne sera plus possible de faire après la disparition de cette plateforme unique de formation appliquée pour les futurs officiers de la Marine nationale, mais aussi ce lieu d'échanges avec des collègues d'autres marines d'Etat. On devinait que l'ordre « terminé, barre et machine » ne serait pas facile à donner à quelques jours de là...
Lundi 24 mai, le trois-mâts est passé à nouveau, mais dans l'autre sens, sous le pont Gustave Flaubert, levé avec ponctualité. Les voiles d'étais avaient été établies pour adresser un beau salut, le dernier, au porte-hélicoptères Jeanne d'Arc, joyau du pavillon français.
 

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