Jeudi 16 octobre. Nous appareillons à midi ce jeudi avec 45 stagiaires à notre bord, retardés par un sous-marin en sortie de la rade de Brest. Si les prévisions météo nous promettent du soleil pour ce stage, elles nous imposent en revanche un challenge quant au vent : du Nord-Est pour la première partie du stage, puis du Sud-Est ensuite. Nous avons donc mis à profit le retard à l’appareillage pour former nos stagiaires à la traditionnelle « ronde des cabillauds », afin de pouvoir établir de la toile dès la sortie du goulet de Brest. Nous faisons ainsi route avec nos voiles d’étais en mer d’Iroise, passant devant les Tas de Pois avant de rejoindre le Raz de Sein, le courant avec nous. Sitôt passé le mythique passage du Raz sous une météo radieuse, nous établissons toutes nos voiles carrées et serrons le vent bâbord amures, faisant route au Sud jusqu’au milieu de la nuit. Le ciel étoilé fut magnifique cette nuit-là ; nous eûmes également la visite de dauphins venus jouer le long du navire, leurs contours éclairés de phytoplanctons.
Vendredi 17 octobre. En fin de nuit, nous effectuons un virement lof pour lof, afin de ne pas trop nous éloigner au Sud. Nous avons rendez-vous avec le dernier thonier de Groix, le Biche, au mouillage à Groix en fin d’après-midi. Il s’agit de faire une surprise à notre bosco qui effectue son dernier stage avant la retraite, après 39 ans passés à entretenir le belem. Quelques-uns de ses amis seront à bord. Nous carguons donc nos voiles en fin de matinée et continuons aux moteurs face au vent afin d’arriver à l’heure au rendez-vous. Une fois mouillés, nous débarquons en fin de journée nos stagiaires souhaitant découvrir Port-Tudy et ses environs.
Samedi 18 octobre. Nous appareillons du mouillage à 8 heures ce matin, sous un ciel incandescent. Nous établissons rapidement toute la toile afin de profiter un maximum du vent d’Est avant sa bascule au Sud. Nous nous réglons donc pour du près bâbord amures et serrons le vent. Nous passerons le plateau des Birvidaux en fin de matinée et apercevrons la côte Ouest de Belle-Île en début d’après-midi. Le vent de force 4 à 5 nous alimente bien, et nous glissons à 5 nœuds en direction du Sud. L’idée étant de faire un maximum de route au Sud pour pouvoir ensuite virer de bord lorsque le vent basculera au Sud, et ainsi espérer rejoindre l’estuaire de la Loire en profitant de cette bascule. Nous naviguons ainsi sous voiles toute la journée et virons de bord lof pour lof lorsque le vent se met en effet à refuser. Nous continuerons ainsi sous voiles tribord amures le restant de la nuit.
Dimanche 19 octobre. La nuit fut marquée par le passage d’un front chaud : l’air plus doux, mais aussi plus humide. Pas d’étoiles cette nuit-là. Un avis de grand frais et le vent fraîchissant 5 à 6 Beaufort nous contraignirent à carguer nos cacatois. Nous tirons malgré tout bien notre épingle du jeu et démarrons nos moteurs lorsque les premières éoliennes du plateau de Guérande apparaissent dans la matinée. Nous laissons le plateau du Four sur bâbord, puis le plateau de la Blanche sur tribord, avant de rejoindre la Couronnée, où nous embarquons le pilote qui nous conseillera pour la remontée de la Loire. C’est sous une pluie battante que nous rejoignons l’eau douce et notre quai à Nantes, où nous débarquerons nos stagiaires et préparerons le navire pour son hivernage.
Votre commandant Mathieu Combot