L’heure de l’embarquement à IJmuiden a sonné, alors que la nuit tombe sur les navires de pêche voisins. Le Belem et l’équipage se remettent doucement des fêtes d’Amsterdam et de la magnifique parade à travers le canal de la mer du Nord. Cap maintenant sur Calais et ses fêtes ! Le lendemain matin, nous quittons IJmuiden et faisons route au sud-ouest.
Le vent souffle faiblement à la sortie d’IJmuiden, mais est prévu de forcir dans la nuit. En vue d’établir la voilure, les gabiers montent dans les mâts pour dérabanter. Pour l’heure, ronde des cabillots et initiation aux ordres donnés sur le pont : « Tiens bon », « À hisser ». Certains profitent de l’après-midi pour s’initier à l’ascension dans la mâture, accompagnés par les gabiers du bord. Puis, il est l’heure de mettre les voiles. On hisse les voiles carrées, huniers fixe, volant, en libérant les écoutes et les hâle-bas et en tirant sur les drisses. Le soir, dîner en batterie tous ensemble avant de se répartir pour les différents quarts de nuit. Répartition en trois tiers : 8 à 12, 12 à 4 (le quart du hibou) et 4 à 8. Toute la nuit, les stagiaires s’initient à la veille, apprennent à repérer des signaux lumineux et des bouées, et à transmettre l’information en timonerie. Au sud, un parc éolien offshore montre ses feux. Nous le contournons à la voile.
Au petit matin, le vent est bien établi à une vingtaine de nœuds et le navire fend l’eau à 4 à 5 nœuds. L’occasion pour les stagiaires de s’initier à la barre. Le Belem se trouve proche de la côte anglaise, et il faut bientôt virer. Parés pour un lof pour lof, tous les stagiaires se retrouvent sur le pont. Le virement lof pour lof consiste à virer par vent arrière. Nous amenons progressivement les voiles carrées du grand mât dans l’axe du vent, afin qu’elles ne portent plus, et pivotons grâce à la portance des voiles du mât de misaine. Arrivés vent arrière, nous brassons les vergues afin de prendre le vent sur l’autre amure. Le vent ayant tourné franchement sud-ouest, il n’est plus possible de faire route à la voile. Après près de 45 minutes d’efforts pour carguer toutes les voiles, les gabiers montent rabanter afin d’éviter aux voiles de claquer au vent. Nous rejoignons le dispositif de séparation de trafic qui permet de réguler le passage des bateaux dans le passage resserré de la Manche, entre Douvres et Calais. Après déjeuner, les stagiaires découvrent l’histoire centenaire du Belem grâce à la conférence du commandant. En timonerie, une veille attentive est maintenue afin de surveiller le passage de nombreux cargos et porte-conteneurs, tandis que les stagiaires finissent ce bel après-midi par un verre de punch.
Le lendemain, nous franchissons au petit matin le DST perpendiculairement, en direction de Calais. Le vent est toujours de sud-ouest, et le Belem dépasse Calais vers le sud, afin de revenir à la voile. Il est temps de hisser les voiles à nouveau et nous glissons à 3 nœuds sur l’eau vers Calais, évitant de temps à autre des bouées de pêcheurs. En début d’après-midi, nous nous présentons à l’entrée du chenal de Calais et serons accueillis par la vedette de la SNSM. Bord à bord avec le TS Royalist, nous passons la jetée Ouest de Calais et arrivons à quai juste derrière le Français, un trois-mâts de Saint-Malo, prêts pour les fêtes maritimes de Calais !
Votre commandant Aymeric Gibet