Vendredi 12 septembre, le Belem à quai dans le bassin Duguay-Trouin du nom du célèbre corsaire et amiral malouin, largue ses amarres à 12h52 sous le regard des 45 stagiaires embarqués à destination de Plymouth. Nous passons l’écluse de Saint-Malo et quittons la cité corsaire par le chenal principal depuis le port des Bas-Sablons jusqu’au phare du Grand Jardin où le pilote débarque. Nous gagnons au moteur à l’Ouest avant de commencer à manœuvrer à partir de 18h pour établir les voiles. Il est alors temps de mettre en pratique les bons gestes à avoir lors des manœuvres ainsi que le vocabulaire utilisé à bord d’un trois-mâts barque enseigné plus tôt dans la matinée par nos matelots gabiers instructeurs. Dans un premier temps, les vergues sont brassées bâbord amure en pointe pour une allure au près. Deux étages de voiles d’étais sont établis (excepté la grand-voile d’étai) ainsi que les huniers fixes, volants et la misaine qui permettent d’assurer la propulsion du navire sous voile. Les conditions météo avec un vent de secteur Ouest à 5 Beaufort ne permettent pas d’établir les perroquets et cacatois. Le champ éolien de Saint-Brieuc est laissé sur tribord à 21h puis nous continuons notre route au Nord pour le début de la nuit.
À 00h00, samedi 13 septembre, le quart de minuit à quatre heures (aussi appelé « zérak ») prend la relève en direction de Guernsey. Le quart de quatre à huit heures effectue un virement par vent arrière appelé « lof pour lof » sur les grands voiliers. Le Belem continue ainsi sa route à l’Est où nous longeons la côte Nord de l’île de Guernsey. Nous lofons un peu vers le Sud pour ensuite virer lof pour lof et faire route vers le Nord en direction du Raz Blanchard, situé entre le cap de la Hague et l’île anglo-normande d’Aurigny, où sévit l’un des courants de marée les plus puissants d’Europe. En fin d’après-midi, des ascensions mâtures de la basse vergue sont organisées. Les stagiaires, guidés par les matelots gabiers instructeurs, montent sur la vergue de grand-voile. Les conditions météorologiques nous permettent d’établir les perroquets à 18h30. Le « rail » montant du trafic de la Manche est croisé à 19h00 et le rail descendant à 22h00.
Dimanche 14 septembre, la renverse de courant de minuit ne nous permet plus de faire route sous voile, le « zérak » cargue les voiles et les moteurs de propulsion sont démarrés afin de faire route vers Plymouth. Dans la matinée a lieu le traditionnel poste de propreté ainsi que le briefing quotidien du Commandant à 9h. Nous longeons la côte Sud anglaise, accompagnés de dauphins, et des ascensions du mât de beaupré sont proposées. La baie de Cawsand est atteinte à 14h30 où nous mouillons trois maillons de l’ancre bâbord afin de nous abriter d’un fort coup de vent d’Ouest. Le Commandant réalise ensuite une conférence sur les grands voiliers d’époque dont fait partie le Belem.
Lundi 15 septembre, après une bonne nuit reposante au mouillage, nos stagiaires effectuent pour une dernière fois le poste de propreté. La matinée est dédiée à la confection de choucane (protection en fibre de bananier pour protéger les voiles du ragage contre les manœuvres dormantes), à la visite du salon du Commandant, de la salle des machines et à un atelier de matelotage. L’embarquement du pilote est avancé à 12h30 au vu des conditions météorologiques. L’ordre de virer l’ancre est donné à 12h45, l’ancre haute et claire, nous nous dirigeons vers Plymouth où nous accostons à 13h55 au ponton Barbican, non loin du lieu où les « Pilgrim Fathers » auraient embarqué à bord du Mayflower vers le Nouveau Monde en 1620.
Votre commandant Mathieu Combot